PARFUM POUR NOS DÉFUNTS

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LUMINA

C O E L I

Parfum

De manière personnelle, j’ai d’abord éprouvé le besoin de faire entrer le rituel du parfum lors d’un deuil. En effet, à la mort de ma marraine, Mylène Royer, j’ai glissé dans la terre sur sa tombe des échantillons de parfums que j’avais crées pour elle.

Puis j’ai répété ce rituel très personnel au décès de ma grand-mère Gabrielle Royer. J’ai demandé l’autorisation à ma famille de glisser dans le cercueil de ma grand-mère, un chapelet et un mouchoir imbibé d’un parfum que j’avais créé.

Quelques temps plus tard, j’ai eu envie de comprendre ce désir qui m’avait poussé à faire entrer le parfum dans ces moments de grand départ et de grandes douleurs.

Au travers de différentes lectures, notamment dans Le Livre des parfums de Rimmel, j’ai découvert à quel point le parfum et l’encens étaient présents dans les rituels funéraires depuis la nuit des temps.

Pour les Egyptiens, les Grecs, puis les Romains, les aromates visaient à retarder la corruption du corps, et empêcher une victoire trop complète et trop rapide de la mort. Ils sont comme des substances marquant le passage d’un état à un autre, une transition du terrestre au divin.

Dans la chrétienté, le parfum est une marque d’amour, d’un amour qui se spiritualise au contact du divin.

Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme s’approcha de lui, tenant un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix. Et pendant qu’il était à table elle répandit le parfum sur sa tête. Les disciples voyant cela, s’indignèrent, et dire : à quoi bon cette perte ?

On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres. Jésus, s’en étant aperçu, dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle fait une bonne action à mon égard, car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture. Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme, ce qu’elle a fait

Matthieu 26 : 6 à 15[/vc_column_text][vc_column_text]De l’Antiquité jusqu’à l’orée du XIXe siècle, le parfum reste profondément marqué par ses relations étroites avec la chair. Dans le parfum, on saisit Dieu avec le nez. Une odeur n’est pas une image. Au lieu d’établir entre le sujet et l’objet odorant, une relation de l’ordre de la représentation, la perception olfactive est imprégnation. L’objet est hors de nous, le parfum est en nous (J.P. Albert, p. 232).

Il me semble qu’il est temps dans une société où le rite funéraire est ramener bien trop souvent à des pratiques laïques et parfois un peu vides, d’oser à nouveau les rituels anciens. Poétiques et beaux. Chrétien et Païen.

Parfumer nos morts, c’est avoir un geste d’amour envers eux, et les accompagner, à la manière antique, vers l’au-delà.

En parallèle de mes créations olfactives classiques, j’ai souhaité proposer un parfum pour nos morts : LUMINA COELI. Quelques gouttes de ce parfum peuvent-être mises sur un mouchoir glissé dans le cercueil, comme je l’ai fait avec ma grand-mère. Le défunt peut être parfumé, ou bien encore le flacon peut être mis dans le cercueil. Ce parfum est composé uniquement de matières premières naturelles, déjà utilisées il y a 2000 ans : myrrhe, rose, santal, safran, genévrier, cèdre, benjoin, sauge, iris.

Cette proposition olfactive, c’est aussi la possibilité d’entretenir une longue mémoire, qui, par ce rituel Païen et Chrétien, nous unit à des gestes, et à la mémoire de nos lointains ancêtres Européens. C’est aussi une manière de réenchanter notre vie en prenant soin de nos morts.

Cheyenne-Marie Carron

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